Le doigt à ressaut se manifeste par un phénomène de blocage intermittent du ou des tendon(s) fléchisseur(s) dans sa gaine (poulie).
Il s'agit d'un problème fréquemment rencontré en consultation dans les unités de chirurgie de la main.
Cliniquement :
Le doigt à ressaut se traduit par une sensation de ressaut (ou ressort) souvent nettement perçue par le patient en voulant plier ou étendre le doigt et à un stade plus avancé, par un blocage du doigt le plus souvent en flexion nécessitant l'aide de l'autre main pour le débloquer, cette manœuvre étant douloureuse.
Lorsque le phénomène est ancien et évolué, il peut déjà s'accompagner d'une raideur articulaire qui ne rétrocédera pas avec le seul traitement du doigt à ressaut mais pourrait justifier d'un traitement spécifique.
Cette pathologie peut concerner un ou plusieurs doigts, dont le pouce ; l'affection pouvant être, dans le temps, bilatérale et symétrique. Plusieurs doigts ne sont pas forcément atteints au même moment.
Le diagnostic repose essentiellement sur l'examen clinique.
Origine :
Le plus souvent dû à une inflammation de la gaine synoviale qui entoure le tendon fléchisseur. Cette inflammation va créer un véritable nodule à l'intérieur du tendon qui va progressivement constituer un obstacle mécanique à la mobilisation du doigt.
Ce nodule peut être perçu à la paume en regard du dernier pli de flexion palmaire.
L'origine en est le plus souvent rhumatismale.
Il existe des formes, où l'inflammation tendineuse est liée à des gestes mécaniques répétitifs.
Un doigt à ressaut peut apparaître après la cure chirurgicale d'un syndrome du canal carpien sans en constituer une complication.
Dans des cas plus rares
- le doigt à ressaut fait suite à une plaie partielle d'un tendon fléchisseur
- Il existe une forme particulière de doigt à ressaut, congénitale, se révélant dans la petite enfance, réalisant souvent la camptodactylie du pouce
Le traitement :
1 - Le traitement peut être au début et dans un premier temps médical.
Il consiste en la réalisation d'une dilatation de la gaine tendineuse avec un produit d'infiltration à base de corticoïdes dont l'efficacité sous 8/10 jours peut être aussi temporaire.
Les infiltrations peuvent être répétées mais non multipliées car la cortisone peut, à la longue, fragiliser le tendon et entraîner une rupture secondaire.
Dans tous les cas, la réalisation technique doit être rigoureuse.
2 - Le traitement chirurgical : il peut être proposé en première ou seconde intention.
L'opération :
est le plus souvent réalisée sous anesthésie loco-régionale voire locale, en ambulatoire.
Elle consiste par une incision de quelque cms à proximité du pli de flexion palmaire à ouvrir partiellement la gaine (poulie) du tendon fléchisseur
Il s'agit d'un geste rapide, non douloureux. Il est habituellement radical et définitif.
Les suites opératoires :
Dès la levée de l'anesthésie, le blocage ou ressaut disparaît.
Recommandations post-opératoires : mobiliser activement le doigt opéré.
Cette mobilisation doit être progressive mais entreprise le jour même de l'opération pour récupérer au plus tôt toute la flexion et surtout toute l'extension& du doigt.
Si on hésite à retendre complètement son doigt, il y a un risque d'enraidissement secondaire rapide de l'articulation.
Si tel est le cas il est alors nécessaire de porter en post-opératoire une orthèse qui contribuera à redresser le doigt pour éviter l'ankylose articulaire.
Complications :
Si l'intervention est réalisée par un chirurgien expérimenté les suites sont en général simples. Mais comme toute intervention chirurgicale, elle peut avoir des complications communes avec la chirurgie (infection, après toute désunion etc.) ou plus spécifiques.
La principale de ces complications est un enraidissement du doigt dù habituellement à une mauvaise mobilisation de la part du patient en post opératoire immédiat.
Rééducation et appareillages sont alors nécessaires.
Le doigt à ressaut, lorsqu'il se manifeste dans un contexte rhumatismal, s'accompagne souvent d'une lenteur à la mobilisation d'un ou plusieurs doigts, d'une sensation d'empâtement articulaire,d'une lenteur au dérouillage matinal des doigts ; ceci est dû au processus rhumatismal.
Ceci est lié au processus rhumatismal lui-même et ne sera en rien amélioré par le traitement ponctuel mécanique du phénomène de ressaut.
Une libération chirurgicale trop importante de la gaine du tendon peut entraîner une difficulté à la flexion du doigt, une ouverture insuffisante peut être source de récidive.